Cela ne finira donc jamais !
Après la Noël et sa constellation de foie gras, nous embrayons, encore vaillants, sur le jour de l’an et ses feux d’artifice de crustacés, à peine le temps de souffler que les rois mages arrivent avec leur cortège de galettes et de champagne, qu’il convient de fêter à plusieurs reprises…
On a à peine fini, que ce sont les crêpes de la Chandeleur que l’on noiera dans le cidre, avant de s’attabler dignement pour Mardi Gras, puis Carnaval qui maintenant déborde très largement sur le temps de carême, le marketing touristique a ses priorités…
Mu par je ne sais quel sentiment de culpabilité, il se trouve que l’on m’a posé beaucoup de questions quant aux rois mages cette année, en particulier à l’usage de la galette. Je rappelle les points suivants :
Il ne s’agit pas d’une légende, mais bel et bien d’un article de foi, puisque la visite des rois mages à Bethléem est racontée par Saint Matthieu et lui seul.
Leur nom est par contre bien légendaire, puisque n’apparaissant en Europe qu’après le transfert de leurs reliques dans la Cathédrale de Cologne en Allemagne.
Le fait qu’il y ait un Noir est sûrement légendaire, de même son nom de Gaspard (voire de Balthazar dans certaines légendes). A partir du 13ème siècle, on a voulu voir dans les trois mages (leur nom n’est pas précisé par l’évangéliste, mais en revanche la question des cadeaux l’est : l’or, l’encens et la myrrhe) une préfiguration des trois âges de l’humanité, des trois races connues dans l’iconographie, le plus jeune est un Noir, l’homme d’âge mur est quelquefois jaune et le vieillard est un Blanc.
Saint Matthieu ne parle que de mages, ce qui était un mot en grec, péjoratif souvent, que l’on pourrait traduire par sorcier ou par astrologue. On n’a donc pas traduit ce mot en latin, mais simplement transcris sous la forme de magus. A ce mot péjoratif, on a rajouté le terme de roi, par référence à un passage d’Isaï parlant du messie « Les rois de la terre viendront l’adorer ».
Il est probable que le signe qu’on a vu dans le ciel est une conjonction Saturne-Jupiter dans le signe du Lion, qui a eu lieu en 4 av. JC. Saturne est traditionnellement l’astre des dynasties passées, Jupiter celui des dynasties régnantes, le signe du Lion est constamment attribué à l’homme de Judas dans l’antiquité. Cela se passait à l’ouest, c’est-à-dire dans la direction de la Méditerranée pour des astrologues venus de Perse.
Enfin, pourquoi les galettes ? Dans l’antiquité romaine, on dégustait alors des petits gâteaux de farine et de miel légèrement déprimés en leur centre et appelés globula (d’où les globules sanguins). Je rappelle que la galette de brioche aux fruits confits est une pure tradition niçoise, la galette de frangipane est d’origine parisienne.
Bon appétit à tous ! En 1930, un milliard d’êtres humains sur la planète, cette année 6 milliards. Il faudra peut-être un jour apprendre à partager…
Joël GIACCHERO
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