Tous
les clubs du District devraient avoir comme club-contact un club
italien… Cela permettrait à tout le monde, comme aux membres de mon club
dimanche passé, de visiter les villages des Langhe, plus
particulièrement le village de Barolo dans le département de Coni (je
rappelle que la ville que les Italiens nomment Cuneo a un nom français
et que ce nom est Coni, comme la ville que les Italiens appellent Torino
s’appelle en français Turin, ou Genova qui s’appelle en français
Gênes).
C’est peut-être un des plus beaux
panoramas du monde ; imaginez un petit amphithéâtre de collines où les
moindres recoins sont cultivés en vignes, noisetiers ou en arbres
fruitiers, même les bosquets de bois sauvages sont entretenus pour leurs
truffes. Chaque sommet de colline est occupé par un village, une
chapelle ou un château.
L’émerveillement se continue par la
visite des caves ou vieillissent doucement les vins de Barolo ou de
Barberesco. Tout respire le calme et la volupté dans l’industrie de
l’homme, le polythéisme tendance catholique se niche douillettement dans
les chapelles aux noms les plus variés : Santa Maria, San Guido, San
Vincenzo.
J’ai eu il y a quelques années un
sentiment tout à fait contraire en découvrant le désert du Sinaï, puis
le sommet du Mont Horeb, pas un arbre, pas la moindre touche de vert,
rien que le face à face entre soi-même et le Dieu d’Abraham, de Moïse,
de Jésus et de Mahomet.
Ces deux terres ont cependant un point
commun. Toutes les deux sont des terres d’émigration, oui j’ai bien dit,
les extraordinaires Langhe ont été un pays d’où on est parti dès la fin
du XVIIIème siècle, car la vie y était rude, précaire. Les innombrables
familles qui actuellement vivent à Nice ou à Cannes et qui en sont
originaires (dont la mienne) peuvent en témoigner. Ils partaient des
Langhe comme on part maintenant d’Afrique, du Liban ou de la Syrie.
C’est ce qu’a rappelé le Pape ces
jours-ci à Lesbos, autrefois lieu de plaisirs, actuellement camp de
réfugiés, nous sommes tous des migrants. Curieusement, ce Pape que l’on
dit Argentin est en fait le fils de migrants italiens, venus précisément
du département de Coni et même de la lisière des Langhe.
Il faut se souvenir de nos parents ou de
nos grands-parents fuyant la misère de l’Italie ou de l’Espagne au
XIXème ou au XXème siècle. Il faut inverser le proverbe « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’ils te fassent » en « Fais pour les autres ce que tu voudrais qu’ils fassent pour toi ou peut-être ce que l’on a fait pour tes parents ».
Amitiés à tous. A bientôt.
Joël GIACCHERO