Les références à l’Histoire, l’iconographie et les symboles paraissent très en vogue à l’heure actuelle… Leur maniement est toutefois beaucoup moins aisé. On parle constamment des racines chrétiennes de l’Europe, que l’on oppose à la laïcité. Sait-on que le drapeau européen est en fait le drapeau de la Vierge Marie et que le terme de laïcité est aussi un terme chrétien ?
En 1950, les six premiers pays de l’Europe s’unirent au Traité de Rome (dans la ville et sous les auspices du Pape Pie XII). Un projet de drapeau fut élaboré ; c’était un E blanc sur fond vert, que Paul Reynaud trucida d’un péremptoire « On dirait un caleçon séchant sur un pré ». On élabora alors un projet d’étoiles d’or sur fond bleu, d’abord 10, puis 15, puis finalement 12 étoiles, ce qui de l’avis même de son concepteur Arsène Heitz faisait référence à la traditionnelle couronne de la Vierge Marie, suivant la vision de Saint Jean dans l’Apocalypse :
« Et je vis la femme revêtue du Soleil, à ses pieds, la Lune, sur sa tête une couronne de 12 étoiles d’or ».
A noter que cette couronne virginale était également l’emblème du mouvement d’étudiants catholiques de langue allemande avant 1914, mouvement auquel appartenaient le Français Robert Schuman, l’Allemand Adenauer et l’Italien De Gasperi, né à Trente.
A noter qu’il ne fut jamais question d’augmenter le nombre des étoiles en fonction du nombre des états adhérents.
Quant au terme de laïc, il vient du grec ecclésiastique laïcos, désignant au sein de l’Eglise ceux qui n’ont pas de fonction précise telle que la prêtrise ou le diaconat. Mais il ne signifie pas les gens qui sont en dehors de l’Eglise.
A noter également que l’emblème musulman tel que le croissant de Lune et l’étoile étaient à l’origine les armoiries de la ville de Constantinople avant sa prise par les Turcs et faisaient référence à la même iconographie de la Vierge Marie de l’Apocalypse. Etoile et croissant de Lune, les Turcs l’adoptèrent comme prise de guerre et emblème de leur domination sur Constantinople.
Je parlerai peut-être des Gaulois la prochaine fois.
Joël GIACCHERO