Elle aurait pu tenir dans la paume de ma main.
Elle luttait pour chacun de ses souffles, plus durement qu'un adulte.
En observant les mouvements de sa respiration, je réalisais que je retenais ma propre respiration – en attendant son prochain souffle, et le suivant, et le suivant.
Chacun de ses souffles était le résultat de tant d'efforts de la part d'un si petit être.
Et mon coeur s'est tourné vers lui, ce petit bébé qui est venu au monde trop tôt.
Je lui ai murmuré : « Bats-toi, bébé, bats-toi !
Il y a un vaste monde qui t'attend dehors si tu te bats ! »
Elle était petite, malade, elle venait d'un milieu pauvre, mais on ne l'a pas oubliée.
On ne la laisserait pas mourir.
Elle était l'enfant précieux de quelqu'un, et nous allions prendre soin d'elle.
Nous faisions tout notre possible pour qu'elle survive avec l'aide de notre Fondation, et c'est de cela dont je suis venu vous parler aujourd'hui.
Notre Fondation n'est pas figée.
Elle évolue et s’adapte constamment à notre époque.
Cette année, les administrateurs de la Fondation lanceront un nouveau programme appelé « Programmes d'économie d'échelle ».
Ces subventions inciteront les Rotary clubs à voir plus grand et à approcher leurs partenaires et sponsors pour trouver avec eux une solution globale à des problèmes majeurs, dont les bénéfices toucheraient une grande partie de la population.
Permettez-moi de vous donner un exemple.
Le cancer du col de l'utérus est le seul cancer que l'on peut prévenir par un vaccin.
Si l'on pouvait vacciner tous les enfants d'un pays, en particulier les filles qui ont entre 8 à 10 ans, et faire faire un dépistage à toutes les femmes entre 35 à 45 ans, on pourrait en théorie éradiquer le cancer du col de l'utérus.
Mais il est peu probable que les Rotariens puissent y parvenir seuls dans leur pays ou leur région.
C'est le type d'action qui peut être mené partout, mais aucune organisation, pas même le Rotary, ne peut y parvenir seule.
Cela nécessite les efforts de plusieurs agences travaillant ensemble, comme c'est le cas pour le programme contre la polio.
Et c'est le type d'action pour lesquelles les programmes d'économie d'échelle ont été conçus.
Ces programmes accorderont une seule subvention par an d'un montant de 2 millions de dollars et je suis convaincu qu'ils apporteront le même changement transformateur dans les actions de la Fondation que le programme 3H après son lancement en 1978 par Clem Renouf.
N'oublions pas que c'est ainsi que PolioPlus a vu le jour aux Philippines.
Mais vous en saurez plus à ce sujet en temps voulu.
Et cela m'amène à aborder vos autres priorités pour l'année prochaine. Celles de cette année sont harmonisées avec le nouveau Plan d'action du Rotary et tout ce que fait la Fondation Rotary nous aide à augmenter notre impact.
Notre première priorité est, bien sûr, d'éradiquer la polio.
C'est la priorité numéro un de toute notre organisation.
Nous devons travailler à cette fin et y mettre tous nos moyens.
Nous devons terminer cette mission.
Il est vrai que nous avons constaté une augmentation du nombre de cas de polio l'année dernière.
C'est préoccupant, mais c'est un défi que nous avons anticipé. Nous trouverons la solution.
N'oublions pas que nous avons déjà réduit le nombre de cas de polio de 99,9 pour cent.
N'oublions pas que 18 millions de personnes peuvent aujourd'hui marcher grâce à nous.
N'oublions pas que la polio de type 2 et celle de type 3 ont déjà été éradiquées, et qu'il ne reste que le type 1.
Il n'y a plus que deux pays où subsiste aujourd'hui le virus sauvage de la polio : le Pakistan et l'Afghanistan.
Nous terminerons cette mission.
Notre deuxième priorité est d'augmenter les dons au Fonds annuel et à PolioPlus, et de porter le Fonds de dotation à 2 025 millions de dollars d'ici à 2025.
Notre objectif global de levée de fonds pour cette année est de 410 millions de dollars, soit une augmentation de 10 millions de dollars seulement par rapport à l'objectif de l'année dernière.
Notre objectif peut se décliner comme suit :
50 millions de dollars contre la polio, triplé par la Fondation Gates pour le porter à 150 millions de dollars. Si chaque club donnait 1 500 dollars, nous atteindrions cet objectif.
Nous voulons ensuite atteindre 135 millions de dollars pour le Fonds annuel,
85 millions de dollars pour le Fonds de dotation sous forme de dons et de promesses de dons.
Et 40 millions de dollars pour des dons immédiats, soit un total de 410 millions de dollars
Permettez-moi de m'attarder un instant sur l'objectif de 135 millions de dollars pour le Fonds annuel.
Près de 20 pour cent de nos clubs y compris leurs membres ne contribuent pas à ce Fonds.
C'est incroyable, non ?
Nous pouvons faire mieux que cela !
Et je demande à cette assemblée, la meilleure assemblée jamais réunie, de redresser ces chiffres.
Nous devons atteindre nos objectifs si nous voulons financer la demande toujours croissante pour nos subventions mondiales qui permettent à nos clubs de changer des vies.
De même, notre Fonds de dotation est un excellent moyen pour tous les Rotariens de perpétuer leurs valeurs et de bâtir un héritage qui apportera des ressources aux prochaines générations de Rotariens.
Mes amis, un fonds de dotation solide garantira la stabilité financière à long terme de notre Fondation.
Notre objectif est ambitieux, mais réalisable.
L'initiative « 2 025 millions d'ici à 2025 » vise à constituer une dotation de 2 025 millions de dollars d'ici 2025.
D'ici 2025, nous voulons que le Fonds de dotation de la Fondation soit constitué d’un minimum de 1 milliard de dollars d'actifs nets, le solde étant constitué d'engagements et de legs.
Imaginez les actions positives que nous pourrons mener avec un fonds de 2 milliards de dollars !
Les revenus d'investissement permettront aux Rotariens de monter, année après année, toutes sortes d'actions qui changeront des vies dans le monde entier.
Notre troisième priorité est d'améliorer l'impact mesurable de nos subventions.
Il fut un temps où notre caractère humanitaire ne pouvait être mesuré que par une vague appréciation de l'opinion publique.
Aujourd'hui, nous voulons connaître l'impact réel que nous avons en la matière.
Faire don de bancs et de bureaux à une classe dans une école rurale est un acte de service légitime, mais combien d'enfants vont en classe ? Y a-t-il des enseignants compétents ? Ces bancs y sont-ils bien fixés ? Qu'est-ce que cinq bancs quand cinquante sont nécessaires ?
Nous devons lancer des actions qui ne se limitent pas à satisfaire notre bonne conscience.
Nos actions doivent changer des vies.
Ce n'est pas seulement une question d'argent.
Ça ne l'a jamais été.
Il s'agit de vies.
J'ai commencé par vous parler de la maternité dans mon pays que notre Fondation nous a aidés à construire.
Près de deux ans après ma visite, j'ai eu la chance d'y retourner.
Nous avons été accueillis dans cette même unité de soins intensifs ; cette fois-ci, seules quelques couveuses étaient occupées.
Après la visite de l’unité, nous sommes tous sortis dans le hall où nous nous sommes arrêtés pour parler aux médecins et aux infirmiers qui nous ont dit que 140 000 bébés étaient nés dans cet hôpital depuis sa construction.
Puis, une jeune mère et son enfant qui étaient là pour une visite de routine, nous ont été présentés.
Une enfant adorable, avec de grands yeux noirs, un beau sourire – âgée d'un an ou deux, qui s'affairait à apprendre à marcher et à parler.
Je lui ai tendu la main et elle s'est dirigé vers moi.
Je l'ai prise dans mes bras et j'ai discuté avec sa mère.
Juste à ce moment-là, un des médecins s'est approché de moi en souriant et m'a demandé : « Vous souvenez-vous, M. Ravindran, la dernière fois que vous êtes venu, il y avait cette enfant dans la couveuse, dont vous vous inquiétiez tant ? »
« Oui, bien sûr ! », ai-je répondu. « Comment puis-je oublier ? ».
Elle s'est arrêtée un moment, a souri et a caressé la petite fille que je tenais dans mes bras, et me dit : « C'est elle. »
Et cette fois c'est à moi que le souffle manqua.
C'était cette enfant dans mes bras : une petite fille qui a survécu grâce au Rotary.
Qui a pu sourire, qui a pu rire et donner de la joie à ses parents – grâce à la Fondation Rotary.
Quand vous pensez à cela, plus rien ne compte.
Et je vous le demande à tous aujourd'hui : quand vous rentrerez chez vous, quand vous retournerez dans vos clubs, quand vous préparerez vos plans pour l'année prochaine, gardez notre Fondation à l'esprit.
Cela donne de la profondeur au fait d'être membre du Rotary.