Nous sommes à Pâques… Pâques fait partie des fêtes carnavalesques, vous avez bien lu, je ne me suis pas trompé, je sais bien que Carnaval c’est avant le Mardi Gras et pas à Pâques. Je ne fête pas Pâques avant les Rameaux, selon une expression que de moins en moins de gens connaissent.
Les historiens de la mythologie, dont Philippe Walter (Fêtes, rites et mythes du Moyen Age, Editions Imago), pensent que la société celtique était rythmée par des fêtes tous les 40 jours. L’Eglise chrétienne n’a fait qu’adapter son propre calendrier à cette périodicité.
On commence par le solstice d’hiver, dont les fêtes commençaient au 21 décembre (Noël chez nous), 40 jours plus tard, c’est le 2 février qu’on souhaite les fêtes de la Chandeleur, puis Carnaval (personne n’a pu donner d’étymologie irréfutable à ces deux termes), 40 jours plus tard, c’est le cycle de Pâques, suivi de celui de l’Ascension-Pentecôte, enfin on termine avec les fêtes du solstice d’été (la St Jean), les fêtes de mi-août, puis celles de fin septembre (St Michel). Et le cycle se clôt avec la Toussaint-St Martin.
Notons que ces fêtes ont presque toutes un caractère utopique. La fête, c’est inverser l’ordre social, inverser l’ordre des conventions, inverser même le Sacré. Il n’y a pas de société sans fête, il n’y a pas de fête sans transgression, il n’y a pas de meilleure transgression que l’Utopie, l’espoir dans la venue d’un autre monde qu’il faut faire avant tout sortir de son cœur.
A la fin décembre, lors du solstice d’hiver, les Romains bouleversaient leur société, les esclaves gouvernaient les maîtres (pas pendant longtemps…), l’un d’entre eux était proclamé Roi. A Chandeleur-Carnaval, on s’adonnait à force ripailles et beuveries, chose fort inhabituelle dans ces périodes de disette et plus particulièrement en hiver.
Pâques est la naissance du Printemps, la résurrection des forces de la nature et même la résurrection de l’Homme-Dieu, folie pour les Grecs et blasphème pour les Hébreux, dira Saint Paul.
Profitons de cette fête de Pâques pour faire entrer l’Utopie dans nos cœurs, pour cesser de penser profit, carrière et confort. Et si l’Utopie c’était avant tout l’accueil de l’autre !
Bonnes fêtes à tous,
Joël GIACCHERO